Les noms de métiers sont devenus assez souvent des patronymes. Ainsi, s’est rendu jusqu’à nous le surnom de Brisebois, dont les porteurs d’aujourd’hui sont des descendants de René Dubois dit Brisebois, qui doit sûrement son surnom à un simple calembour faisant référence à un événement, un accident, par exemple, au cours duquel le pionnier aurait brisé du bois. Serait-ce en défrichant pour s’installer ou pendant la construction de sa maison? Ce nom pourrait être aussi un surnom de bûcheron. Le nom Dubois a été associé à plus de 75 surnoms dans les documents du Québec ancien dont Dubois dit Brisebois.
Au moins trois générations de Dubois ont vécu à Cissé (Vienne, Poitou) dans l’arrondissement de Poitiers, avant l’arrivée de l’ancêtre René en Nouvelle-France. René Dubois est baptisé le 27 mars 1639 à Cissé. Il débarque à Québec au plus tard en 1658. Il obtient une première concession au village de Fargy (nom inversé de Giffard) qui, aujourd’hui, se trouverait au cœur même de la ville de Beauport. Il pourrait aussi s’être établi à l’île d’Orléans dès 1660 ll est vraisemblable qu’il ait habité les deux endroits durant une dizaine d’années. Ce qu’il y a de certain, c’est que le 10 août 1660, il a résolu de planter sa cabane à l’île d’Orléans. En 1663, il est parmi les nouveaux concessionnaires de Charles de Lauzon.
Mets est la patrie de Paul Verlaine, c’est aussi l’endroit où naissait Julienne Dumont, une humble jeune fille, qui, en 1665, se portera volontaire pour participer au peuplement de la Nouvelle-France, en même temps que quelques dizaines d’autres Filles du roy. C’est vers Québec qu’elle vogue au-devant de sa destinée. Les fréquentations de René Dubois et de Julienne Dumont seront de courte durée, le cas est très fréquent à cette époque. Le mariage aura lieu le 25 novembre 1665, en l’église Notre-Dame de Québec, devant le curé Henry de Bernières. En 1667, dans le village de Fargy, René Dubois fait quelques transactions foncières sans que cela l’enrichisse pour autant. En 1669, Dubois agrandit son domaine à l’île d’Orléans. Le cédant n’est nul autre que l’évêque de Québec, Mgr. François de Laval. Tous ces contrats se font toujours sans la signature de René Dubois qui plaide son ignorance en matière d’écriture et de signature.
Les Dubois achèvent leur séjour dans la région de Beauport. Défricher et cultiver la terre ne suffit pas à faire vivre convenablement une famille qui ne cesse de croître. Ils eurent neuf enfants. Le 23 mai 1674, René se fait scieur de long. L’hiver suivant, il devra abattre et équarrir des pins et en fabriquer autant de planches et madriers qu’il pourra. En 1681, grand remue-ménage chez les Dubois: ils plient bagage et vont s’installer au Cap-de-la-Madeleine. L’ancêtre veut constamment améliorer son sort, d’où son instabilité et sa préférence à travailler pour d’autres. C’est ainsi qu’au Cap-de-la-Madeleine, il devint fermier des Jésuites avec son gendre. Mais, cela ne l’empêche pas de tenter une nouvelle aventure. Le 3 mai 1685, comme beaucoup d’autres à cette époque, il est attiré vers les mystères de l’Ouest. Il est certain que René Dubois a vécu à Batiscan à la fin de sa vie. C’est d’ailleurs là qu’il sera inhumé le 20 mars 1699. Pour ce qui est de son épouse, Julienne Dumont, elle va le rejoindre au cours de l’été 1704. Au moins huit des neuf enfants du couple Dubois-Dumont se sont mariés, la moitié d’entre eux allant vivre dans la région de Montréal. Les autres iront s’établir à Champlain, Sainte-Anne-de-la Pérade, Saint-François-du-Lac. La famille a ainsi été éparpillée.
Parmi les Brisebois connus au Québec, il y a Armand Brisebois, pompier mort en devoir à Montréal le premier mars en 1942; Rhéaume Brisebois, journaliste sportif; Patrice Brisebois, qui a joué pour le Canadien de Montréal. À ne pas oublier: Diane Savaria-Brisebois, membre de notre régionale depuis 1996.
Sources :
Cournoyer, Jean, La Mémoire du Québec, les Éditions internationales Alain Stanké 2001, pages 198 et 438.
Jacob, Roland, Votre nom et son histoire, les Éditions de l’Homme, pages 233,301,338.
St-Onge, Jacques, Nos ancêtres # 13, , les Éditions Sainte-Anne-deBeaupré, 1987, pages 75 à 91.